Le Trichoderma au jardin

Guide, Technique

Histoire :

Les premiers écrits sur le Trichoderma viennent du mycologue et botaniste français d’origine sud-africaine Christiaan Hendrik Persoon qui donna son nom au champignon en 1794.

Depuis beaucoup de recherches ont été faites sur le sujet démontrant ses différentes applications : agriculture, textile…

Le Trichoderma est un champignon Saprophyte (qui décompose la matière organique) que l’on trouve dans l’air et le sol. La reproduction de ses spores se fait par des Asques, on nomme cette division Ascomycètes. Il existe plusieurs espèces du genre Trichoderma, plus de 20 variétés, que l’on peut retrouver chez soi de différentes couleurs : jaune-vert, blanc vert, et vert (ex : Viride, Harzanium, Armatum, Virens, Reesei, Atrovirens, Longibrachiatum… etc).

Dès 1952 Wood souligne l’intérêt d’antagonisme du Trichoderma dans la gestion du Botrytis Cinerea (pourriture grise). Bien d’autres études ont démontré son intérêt dans la prévention de maladies telles que le Pythium (fonte des semis), Phytophtora Cinamommi, Fusarium et Rhyzoctone (ce dernier se développe le plus souvent dans les pratiques agricoles conventionnelles). La régulation des différents pathogènes se fait par le mycoparasitisme, l’antibiose et par la compétition.

Le Trichoderma Harzanium est notamment l’un des plus connus et le plus cultivé pour son mycoparasitisme, ce qui fait de lui un excellent préventif, une aide à la production d’hémicellulose. Cette dernière représente entre 25 et 35% de la paroi des cellules de la plante, contre 35% à 50% pour la cellulose et de 15% à 25% pour la Lignine selon les plantes.

Le Trichoderma se trouve partout, il a une grande faculté d’adaptation, les pH du sol peuvent se situer entre 5 et 8.5. Dans l’air, ses spores sont très volatiles, et dans les sols sans couverts végétaux, il peut rester en dormance.

L’agriculture et ses différentes pratiques ont fortement perturbé le développement du Trichoderma : labour, manque de couverture de sol, manque de matière organique, fongicide, herbicide… etc

Il apparaît nécessaire de réintroduire le Trichoderma dans les sols. Plusieurs solutions sont possibles : achat de souche, récolte et reproduction.

 

Comment Peut-On Le Récolter Et Le Reproduire De Façon Simple ?

1/ RECOLTE :

A – Matériels Pour La Récolte :

  • 100 grammes de riz (il est possible de remplacer par du boulgour ou des pâtes type coquillettes).

  • 3 gobelets en plastique transparents ou 2 noix de coco vidées.
  • Voile de forçage ou une chaussette.

Trichoderma Viride, sur planche de châtaigner

B – Méthode De Récolte :

Pour récolter simplement, il est bon de partir du sol mais il est toujours possible de le trouver sur différents supports : type planche en bois (photo ci-dessous), reproduction de champignon sur paille… 

Faire cuire 100gr de riz dans une casserole avec le double volume d’eau, couper quand le riz est « al dente », égoutter. Pour éviter les accumulations d’eau dans les gobelets lorsqu’il pleut, une fois enterrés, percer au préalable les contenants dans le fond. Répartir le riz chaud dans les gobelets ou les noix de coco puis recouvrir avec le voile de forçage ou la chaussette. Creuser puis recouvrir les contenants protégés par le voile de forçage de 2 cm de terre dans le sol afin de filtrer les spores des champignons sans mélanger le riz avec la terre. 

Une fois posé dans la terre, il faudra attendre entre 5 à 7 jours avec une température de 18°c en moyenne dans le sol. 

                                                                                                             Le gobelet va être recouvert de 2 cm de terre

 

C – Résultats D’expérience De Récolte Dans La Terre :

Les différents champignons ont colonisé l’ensemble des gobelets en 5 jours à une température entre 18°et 21° (mesure prise dans le sol). Les meilleurs périodes pour cette expérimentation sont entre le mois d’avril et le mois de novembre, lorsque le sol est au-dessus de 15°. En dessous de 15°c, le Trichoderma met beaucoup de temps à se développer par rapport à d’autres champignons, ce qui compliquerait sa récolte. Avec cette méthode, le Trichoderma peut être reconnu facilement par sa couleur vert clair ou foncée et le riz qui prend une teinte jaune soufré, repère de la colonisation du riz par le Trichoderma. Prendre la partie colonisée pour la reproduction.

 

 

 

 
(Champignons qui ont colonisé après 5 jours)

2/ REPRODUCTION :

A – Matériels De Reproduction : 

  • 500 g de riz (il est préférable d’utiliser du riz en raison de sa forme plus longue qui laisse mieux passer l’air et sa capacité de rétention en eau).
  • Contenant en plastique ou en verre refermable.                                                                            

  • 5 gr de Trichoderma : achat ou récolte 
  • Facteurs favorables : jaune d’œuf ou huile de colza (1 jaune d’œuf pour 300 gr). (1gr / 100gr de riz).

B – Méthode De Reproduction :

1/ La reproduction est simple, il suffit de faire cuire le riz al dente et de bien le rincer, puis laisser refroidir un peu dans l’égouttoir. Si le riz est un peu trop cuit ou trop humide, il est possible de rajouter 10 gr de riz sec pour 100 gr et de le mélanger à l’ensemble pour tamponner l’humidité. 

2/ Prélever la souche mère (j’ai utilisé ici le Trichoderma qui s’est développé sur une culture de Shiitaké) puis la mélanger avec le riz ou un jaune d’œuf pour ensuite le mélanger. 

Pour une propagation optimale du champignon il est possible de mélanger la souche du Trichoderma avec du jaune d’œuf ou de l’huile car les lipides permettent d’enfermer les spores. Les lipoprotéines contenues dans le jaune d’œuf favorisent son développement.

3/ Pour éviter le développement bactérien, étaler le riz sur 2cm maximum d’épaisseur pour que l’air circule bien et que le riz conserve plus facilement son humidité. Refermer les contenants de culture et ouvrir tous les jours afin d’apporter un peu d’air.

                                              Le résultat final de la reproduction. Comme tous les champignons du sol le Trichoderma ne déroge pas à la règle,                                                                                             il acidifie le milieu où il se développe en libérant des antibiotiques, des mycotoxines, des enzymes… pH entre 4 et 5.

 

Les Difficultés Rencontrées Lors De Sa Reproduction :

  • En raison de la diversité des champignons dans l’air, d’autres couleurs sur le riz peuvent apparaitre, signe que des champignons autres que le Trichoderma se développent.
  • Respecter une température constante comprise entre 18° et 25°.
  • Le support de reproduction : exemple « riz trop humide » = développement bactérien « odeur lactique ou de pourri» (éviter de l’utiliser).
  • Quantité de Trichoderma trop faible. 

Application Au Sol : 

60 gr de la reproduction mélangé avec un extrait fermenté de Consoude (5L) + extrait fermenté de Luzerne (5l) / 100L d’eau de pluie ou de source / Ha en pulvérisation au printemps ou entre le mois de septembre et novembre. Il est possible de l’appliquer en pulvérisation sur les terreaux de semis 1gr / litre d’eau de pluie pour 1 m³. Enrobage de graine 1 gr / 1L d’eau de pluie / qt (possible d’apporter 1 litre d’extrait fermenté d’ortie pour favoriser la germination au 1 / 50ème).

Conservation :

Le Trichoderma peut être séché, mis en sachet et conservé à l’abri de la lumière. Le plus simple est de le conserver au congélateur jusqu’à –10°c. La durée de conservation est de 1 an.

Conclusion :

Facile à reproduire et à récolter, le Trichoderma permet d’éviter les maladies. Il est un acteur important du rééquilibrage du sol. La reproduction du Trichoderma ne se substitue pas à une bonne gestion du sol par manque de couvert végétaux, de labour et l’application de produits phyto conventionnels.

Le piège de cette méthode est de tomber dans une monoculture du Trichoderma. A long terme il ne peut pas être le seul à régir les sols. Il empêcherait la nécessité d’une diversité fongique. On réintroduit mais dans l’équilibre et l’observation.

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